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ARTISTES

 Joseph MILAZZO

  

Vallauris, Cité des Potiers ; pléonasme peut-on dire, tant l'activité de la céramique y est intense et traditionnelle. Cette image de

 marque s'est encore fortifiée par le renom et les œuvres de PICASSO, depuis 1947.

En effet. l'exercice de la céramique est l'activité majeure à Vallauris et son domaine d'action est très diversifié. On ne saurait donc

 faire ici un inventaire des ateliers, des réalisations ou des techniques utilisées par chacun, car un large éventail s'ouvre, de la

 céramique

 d'art, à  la céramique plus utilitaire que à nous baptiserons, sans vouloir être  trop péjoratif, "céramique alimentaire".

L'O.LM. de GOLFE-JUAN - VALLAURIS se propose de présenter. dans le noble et large domaine de la Céramique d'Art, le véritable travail d'artisan de Joseph MILAZZO.

Le goût de la recherche, la patience à redécouvrir un procédé oublié font de sa céramique un véritable Art de Feu. Il s'agit de la

poterie à reflets métalliques, ou poterie Hispano-Mauresque, dont la palette varie du saure au cuivre.

Ce sont des Florentins qui l'introduisirent en France au début de ce siècle, et à Vallauris, la maison MASSIER en fit une fabrication

 de renommée mondiale. Or la "mode". en matière de céramique varie tout aussi vite que dans n'importe .quel autre domaine artistique. Mais elle ne saurait se limiter à  un aspect esthétique. Le noble métier de potier n'étant que recherches, essais,

 pratiques, les techniques évoluent également, et ce, d'autant plus vite qu'elles représentent des difficultés de réalisation.

C'est ainsi que le procédé de fabrication de la poterie à reflets métalliques tombera dans l'oubli vers 1935.

Mais pourquoi parle-t-on d'une poterie Hispano-Mauresque ?

La péninsule ibérique fut conquise par une invasion mahométane dès le début du 8e siècle. Cette invasion apporta dans le

domaine des arts, une source nouvelle d'inspiration d'un jaillissement particulier, en raison du phénomène d'émulation qui se

 produisit, aussi bien chez le peuple

envahisseur que chez le peuple conquis.

Les Sarrazins ne purent qu'admirer la splendide Mosquée de Cordoue aux nombreux revêtements de céramiques, et voulurent également laisser leur empreinte artistique. Ainsi Mohamed-Ben-Alhamar fit construire, à la fin de son règne, le féérique Palais

 de I' Alhambra de Grenade, célèbre, pour son architecture à dentelles, et ses. plaques émaillées portant la devise des souverains maures : "Il n'y a pas de fort si ce n'est Dieu"

Le phénomène d'émulation se poursuivit avec les "œuvres dorées" des potiers espagnols qui possédaient le secret du lustre

métallique aux chatoiements dorés. Leurs vases remarquables aux formes élégantes et aux tons lustrés éclatants, furent transportés

dans toutes les contrées du globe. Le commerce des Maures étant des plus florissants. ces terres à reflets devinrent le modèle des industries naissantes de l'Italie.

Depuis quelques années, et après cinq ans de patientes recherches, Joseph MILAZZO, héritier de trois générations

de potiers dans la plus pure tradition de l'artisanat d'Art, refait les gestes traditionnels et ancestraux. créant ainsi la poterie à reflets métalliques. Cette poterie pourrait sembler facile aux non initiés, mais elle nécessite un énorme travail de patience et de conscience professionnelle consommée.

La réalisation s'effectue en trois temps Tout d'abord, création et cuisson du biscuit. Celui-ci est généralement une œuvre de modelage qui sera plus particulièrement mise en valeur, par les reflets métalliques.

Ensuite, pose et cuisson d'une première couche d'émail vert à base d'oxyde de cuivre, couche servant d'accrochage au décor définitif. Ces deux premières cuissons s'effectuent au four électrique.

Puis vient la partie délicate de l'opération, la pose et surtout la cuisson de matériaux très raffinés à  base d'oxyde de cuivre,

d'argent et d'or, posés en couches successives au pinceau et au pistolet. Cette cuisson est une cuisson en réduction, c'est-à dire,

en four à bois avec maitrise constante de la température, ce qui nécessite une attention toute particulière.

En effet, si la cuisson en four électrique ne pose pas de problème notable, en raison d'une structure de chauffage régulière sur l'ensemble du four, la cuisson au feu de bois est livrée au- caprice du foyer et des flammes. Le potier risque d'obtenir des pièces enfumées ou noircies, aux couleurs plus ou moins vives, puisque étant moins régulièrement exposées la chaleur. Le four à  bois

 est donc le collaborateur à  la fois docile et capricieux du céramiste.

La poterie à reflets métalliques demande donc un travail très complet, où l'art de l'utilisation des matériaux s'allie à  la parfaite

métrise du feu.

La poterie de Joseph MILAZZO est celle de la redécouverte, des gestes à  réapprendre, mais elle reste cependant une poterie

 originale qui est celle de la brillance et de l'éclat.